
Étrange justice américaine
La justice américaine vient à nouveau de prouver qu’elle est bien loin des normes européennes en matière de justice. Rien n’est en effet plus surprenant que le comportement du procureur chargé d’un dossier qui a mobilisé l’attention des médias des deux cotés de l’Atlantique.
En mai, on a ainsi appris qu’une femme de chambre a été agressée dans un hôtel de New-York, que de nombreux témoignages confirment sa narration des faits, et que des traces ADN nombreuses ont été trouvées sur les lieux et sur la victime. Un homme, client de l’hôtel, était sur les lieux au moment des faits. Il a été arrêté, de justesse, dans un avion en partance pour un pays qui n’extrade pas ses citoyens vers les USA. Une expertise médicale a confirmé par la suite que la femme de chambre a été violée.
Dans une enquête criminelle, on s’attend en Europe à voir les faits analysés, les preuves recherchées et vérifiées, les témoins auditionnés. Erreur ! On est en Amérique ! Ici, on ne tient pas compte des faits matériels. On vérifie le CV de la victime. Peu importent l’actualité et la réalité des violences subies : ce qui a de l’importance aux USA, c’est le passé de la victime. Elle a menti pour entrer aux USA : donc elle n’a pas été violée. Simple, logique, et stupide.
Les preuves ne servent à rien : la plaignante n’est pas crédible. Le témoin, porteur de l’arme du crime, et qui s’en est servi sur les lieux du crime a le droit de se taire : il ne risque pas de s’embrouiller dans ses déclarations à la justice. Son passé avec les femmes le rend-il crédible ? Peu importe à nouveau : quand on exerce une fonction à un haut niveau, il est évident qu’on ne ment jamais, même pas à son épouse.
Enfin, il est riche, elle est pauvre. Conclusion américaine : elle ne demande pas la justice, elle veut de l’argent. L’affaire est entendue pour le procureur. La victime n’a pas le droit à la justice. Il n’y aura pas de procès.
L’affaire de la femme de chambre violée prouve que la justice américaine est digne de sa réputation en Europe : son fonctionnement conduit à de graves injustices.
Reste une question à se poser pour le contribuable américain : quels impôts vont servir à rembourser les frais importants que le suspect a du engager pour se défendre, pour se loger et pour respecter les règles de sa liberté sous caution ? Si l’Amérique n’a pas le courage de le juger, cela signifie qu’elle reconnaît que tous ces frais ont été imposés injustement à une personne qui se trouvait par hasard sur le lieu d’un crime.
Jacques Tanguy
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